Rajazz

La théorie des rajazz propose une nouvelle façon de structurer l’organisation du matériau musical. Elle consiste en quelques règles simples qui, combinées, débouchent sur une gestion nouvelle des modes. La perception qui en ressort est caractéristique. Le système peut se décliner de différentes façons et fournit de nouveaux outils au compositeur et à l’improvisateur. 

 

Les rajazz regroupent 155 modes pentatoniques organisés en 31 groupes de cinq modes cousins. Le matériau musical, limité à 5 notes par mode, est considéré comme invariant – comme dans les ragas de l’Inde – mais peut être transposé en créant des « reflets » d’un même mode à partir de chacune des 12 toniques possibles. Aussi, pour pouvoir glisser vers une de ces transpositions, on s‘appuie sur un intervalle « pivot » qui doit être commun pour faire office de charnière. Il en résulte de nouvelles façons d’organiser le matériau musical.

 

Le nom « rajazz », est une contraction du raga et du mot jazz. La référence au raga honore ici la culture modale de l’Inde, dont on reprend la volonté d’en rester à une seule et même couleur, et de l’explorer en profondeur. La référence au jazz souligne à la fois la propension à moduler, propre à nos musiques tonales occidentales, et le fait que cette théorie musicale se prête autant à la composition qu’à l’improvisation. Cependant, au-delà de la référence nominative aux ragas et au jazz, il importe de souligner que les rajazz ne correspondent en soi à aucun style particulier: ils consistent uniquement en un système d’organisation des notes obéissant à un type de matériau prédéterminé et à quelques règles bien définies. Les compositeurs et les improvisateurs qui le souhaitent peuvent donc engendrer des oeuvres à partir de rajazz dans l’esthétique de leur choix. 

La théorie des rajazz fonctionne à partir de 3 règles essentielles

  • Règle N°1 : le matériau de base des rajazz, est toujours composé de 5 notes. En cela, le rajazz emprunte au raga indien la volonté de se limiter à un matériau mélodique invariable.
  • Règle N°2 : on convient qu’à l’intérieur d’un rajazz, aucun     intervalle entre deux notes successives ne dépassera une   tierce majeure.
  • Règle N°3 : Le rajazz peut être transposé à partir de 12 toniques, de façon à obtenir une série de « reflets » de lui-même. Pour passer d’un reflet à l’autre on utilise un intervalle « pivot » constitué de deux notes communes et servant de charnière. Ce faisant, le rajazz réussit à allier la volonté d’en rester à une seule et même couleur – propre aux ragas indiens – à l’envie de moduler – propre à nos musiques occidentales. 

 

On parle de rajazz en circuit « fermé » lorsqu’on se restreint à un seul rajazz et qu’on se limite à se déplacer entre les reflets d’une couleur unique, via un nombre limité et défini d’intervalles pivots. On parle de circuit « ouvert » dès lors que l’on mélange deux ou plusieurs rajazz, multipliant ainsi le nombre d’intervalles pivots et de modulations potentielles. 

Pour représenter un rajazz, la géométrie offre des façons bien plus limpides que ce que en permettrait une partition. Le rajazz peut être représenté par en une sorte de mandala musical. On dispose de 31 mandalas, pour les 31 rajazz. Pour avoir une vision simultanée une même rajazz à partir de 12 toniques différentes, et sur tous les liens qu’ils entretiennent, des Roues de Modulation ont également été développées. Il existe en outre une troisième représentation plus symbolique, sous forme de dodécaèdre.  

 

Outre les techniques d’improvisation à partir des rajazz, qui demandent beaucoup d’étude puisqu’il s’agit de littéralement reconditionner l’esprit à une nouvelle façon « multiconnexe » de penser les intervalles, la théorie des rajazz nourrit également mon exploration en tant que compositeur. Ce travail d’écriture me permet en outre d’aller plus loin dans ma quête d’une musique à la croisée des styles, intégrant à la fois des éléments du jazz, de la musique contemporaine, et des musiques du monde. Une démarche générale qui vise encore une fois à envisager la musique comme un tout, en échappant tant que possible à toute classification stylistique.

 

Pour plus d’informations sur les rajazz, n’hésitez pas à m’envoyer un mail personnel, et je vous enverrai un pdf explicatif. 

 

Pour ceux qui désirent utiliser les rajazz, un programme en ligne permet de facilement trouver les intervalles pivots entre des rajazz que l’on désire combiner

www.rajazz.manuelhermia.com